Malgré le déclassement du loup, le préfet référent campe sur le quota de tirs
Au congrès de la Fédération nationale ovine (FNO), Jean-Paul Celet, préfet référent, a présenté les prochaines évolutions liées au déclassement du loup d’espèce « strictement protégée » à « protégée ». Face à un quota annuel de prélèvement qui stagne, les éleveurs sont montés au créneau.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Le déclassement du loup d’espèce « strictement protégée » à « protégée » n’emporte pas toute la réglementation existante sur son passage en matière de tirs de défense. Voilà le fond du message de Jean-Paul Celet, préfet référent pour le plan d’actions national loup auprès du préfet de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, invité à présenter les éléments du futur dispositif de protection des élevages face au prédateur. C'était le 30 septembre 2025, au congrès de la FNO (Fédération nationale ovine).
Un quota de prélèvement inchangé
Sur le plan administratif, la principale modification du régime actuel concerne la demande d’autorisation dérogatoire préalable que tout éleveur devait quémander auprès de la préfecture pour tirer sur un loup attaquant son troupeau. Elle ne sera plus nécessaire et le système devient déclaratif, « une réelle simplification des démarches », selon le préfet. Par ailleurs, « la mise en œuvre de mesures de protection préalable par l’éleveur et l’occurrence d’une attaque préalable ne seront plus requises ».
Cependant, alors que les attaques de loups ont progressé de 25 % sur le territoire en 2025 par rapport à l’an dernier, plusieurs principes restrictifs demeurent. Tout d’abord, le plafond de destruction national de 19 % établi à partir de l’estimation annuelle de la population de loups reste en vigueur, au grand désarroi des éleveurs ovins présents dans la salle. « Nous pouvons témoigner que le nombre de loups n’est pas du tout cohérent avec la situation de la prédation et des attaques sur le terrain », lance Élodie Porracchia, éleveuse transhumant dans les Bouches-du-Rhône.
Mise en cause de la méthode de comptage de la population
Après déjà deux attaques visant ses brebis depuis le début de l’année, Élodie Porracchia remet en question la méthode de comptage utilisée pour estimer la population de loups et appelle à un « rééquilibrage entre la population réelle et le quota de prélèvement autorisé ». Mais pour le préfet, après avoir cherché le protocole optimal de comptage pendant un an, « celui qui a été choisi est le plus fiable. Il repose sur des analyses génétiques validées scientifiquement, et de nombreux États voisins nous l’envient ! », se défend-il.
Devant la colère de la salle, il poursuit : « J’ai bien pris la précaution de dire que le loup restait une espèce protégée. L’évolution de la réglementation ne nous exonère pas d’être toujours comptable du bon état de conservation de l’espèce. 19 % de la population, soit 200 loups abattus chaque année, cela reste un quota acceptable, car la population est stable et évolue sur ses habitats naturels. Mais il faut comprendre que si on y ajoute la mortalité naturelle et accidentelle, le taux de survie de l’espèce s’établit à 66 %, et c’est une limite au-delà de laquelle nous risquons d’observer un décroissement de la population. »
« Nous avons déjà échangé pour essayer de trouver de nouveaux curseurs pour répondre à cet objectif de baisse de pression de la prédation, intervient Claude Font, secrétaire général de la FNO en charge du dossier loup. Ces avancées sont nécessaires, mais pas suffisantes, parce que nous restons dans un cadre contraint avec ce pourcentage de prélèvement. »
Définir les zones de prédation
Le groupe de travail national loup doit à nouveau se réunir vendredi 3 octobre pour plancher sur plusieurs détails de la future législation attendue au 1er janvier 2026. Parmi eux, la question du zonage où ces règles s’appliqueront. « Nous devons nous trouver sur un territoire qui fasse l’objet de prédation, explique le préfet. À voir comment nous les définissons, sachant que malheureusement [ces territoires] ne cessent de s’étendre. » Les fermes de l’arc alpin sont historiquement les plus touchées par les attaques de loup, mais Jean-Paul Celet pointe aussi les espaces en voie de colonisation où le nombre de victimes a progressé de 60 % en 2025.
À la préoccupation des éleveurs, inquiets d’atteindre le quota de prélèvement avant la fin de l’année et de se retrouver démunis jusqu’en décembre, le préfet semble sans réponse. « Pour l’instant, nous avons pu gérer le rythme des tirs de telle sorte à ce qu’il y ait des capacités de tir toute l’année », risque-t-il. La résolution d’un tel problème reste en suspens.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :